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Élémentaire mon (très) cher Watson !
L’exemple emblématique, c’est la robotique : pendant des décennies, les futurologues et écrivains de SF de tout poil nous ont promis des robots qui feraient tout le job à notre place, avec force description de machines ultrasophistiquées allant jusqu’à nous préparer le cappuccino et les pâtes al dente : dans les faits, pour ce qui concerne la sphère domestique, elles se résument à des robots aspirateurs et, comme toujours, c’est le militaire qui tire la recherche civile.
IBM est une entreprise étonnante, qui à la fois a (presque) tout inventé en informatique (elle détenait certaines années des records en matière de dépôts de brevets) et en même temps s’est presque tout fait chipé par les autres : le PC par Billou, les bases de données par Oracle, etc. Là, IBM vient d’innover en réalisant une magnifique vautrade dans l’IA médicale, tout du moins à en croire l’article du 8 mars dernier du Boston Globe. Et pour trois raisons.
La première concerne manifestement de légers soucis de management : toute critique interne proscrite, mauvaises personnes au mauvais endroit et pas les bonnes personnes pour résoudre les difficultés, du grand classique dans les grosses structures lourdingues.
La deuxième se rapporte au centre de gravité, manifestement plus du côté du marketing que de la R&D. Traduction pour ceux qui n’auraient pas saisi : les commerciaux à chaussures pointues passent leur temps à vendre des trucs qui n’existent même pas dans les prunelles des ingénieurs de la boutique, à grand renfort de campagnes roses et sucrées dans le genre du spot représentant une fillette de sept ans au milieu d’ours en peluche qui remercie Watson de l’avoir guérie du cancer.
La troisième, et la plus importante sans doute, c’est qu’il ne suffit pas de millions de lignes de code et d’une capacité de calcul démesurée pour faire de l’IA. Et IBM peut difficilement jouer l’étonné, lui qui a produit le premier ordinateur (Deep Blue) à avoir détrôné un champion du monde d’échecs : c’était en 1997, et il aura fallu des décennies de recherches acharnées pour en arriver à ce niveau (si l’on excepte l’automate le Turc mécanique du xviiie siècle, qui au demeurant était une supercherie, les recherches ont débuté dans les années 1950, tout de même). D’autant que, comme le montre la conclusion des robots aspirateurs de tout à l’heure, l’IA médicale qui fera tout, tout, tout n’est pas pour demain : autant l’on obtient des résultats intéressants dans des domaines ciblés tels les mélanomes ou les cancers du sein par analyse des imageries, l’IA qui soigne TOUT relève du fantasme pour au moins une décennie.
Comme l’a justement illustré Antonio Casilli dans son dernier ouvrage, En attendant les robots, derrière une IA, il faut une armée de petites mains pour « éduquer » le programme apprenant, parce qu’il ne s’agit jamais que de cela au bout du compte. Oui, les grains de beauté de ce genre sont des débuts de cancer, sauf ceux-ci, sauf ceux-là, sauf ces autres-là, etc. C’est sans fin. D’ailleurs, Deep Blue n’a pas battu Kasparov tout seul : il fallait pas moins de 20 personnes pour le faire fonctionner.
Le programme Dr Watson aura englouti des sommes colossales pour pas grand-chose en définitive : mais après tout, les innovations doivent en passer par là avant de trouver véritablement leurs cibles. L’échec de Dr Watson n’est en rien celle de l’IA dans le domaine médical, c’est juste Demoiselle Réalité qui vient de botter les fesses des responsables marketing.
L’Histoire de l’informatique est jonchée d’échecs du même tonneau : que l’on songe au plan « Informatique pour tous » du ministère de l’Éducation nationale dans les années 1980 (des milliers de TO7/70 envoyés dans les écoles aux quatre coins de France sans aucune formation des personnels enseignants : du grand art dans le plantage grand format). Ce n’est pas tant le fait de se planter qui interroge, mais d’achopper sur des points identiques à ceux qui ont échoué des années, voire des décennies auparavant : objectifs intenables, moyens mal évalués, etc.
Il y a vraiment un métier qui reste à inventer : historien des échecs. Intégrer ce genre de compétences dans des équipes de grands projets serait très drôle, histoire que le ou la gugusse identifie des patterns déjà vus par le passé qui ont singulièrement augmenté le risque de plantage. Vu les sous que l’on balance dans des projets pharaoniques ou de (prétendue) innovation, ou du fait du prince, le ROI va être plus que rapide.
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